2ème voyage
de cousins Aussedat sur les traces de Début juin 2011, une quarantaine de cousins Aussedat ont
poursuivi le périple entamé en 2009
dans la région d’Ambert (Puy de Dôme) à la recherche de nos ancêtres.
Ils ont été rejoints à Annecy par près d’une vingtaine d’autres cousins
locaux qui ont vécu tout ou partie des deux dernières journées. Vous trouverez ci-dessous un compte rendu de ce voyage qui sera
progressivement complété de photos et de pointeurs vers divers documents du
site historique familial qui donnent des informations plus détaillées. Ce voyage a été préparé comme en 2009 par Hervé Pignal
(logistique, hôtellerie, restauration, inscriptions, budget, comptabilité,
finances …) et Alain Aussedat (recherche des points d’intérêt, contact
et réservation des conférenciers et guides, rattachement à l’histoire
familiale). Photos,
1ère série intégrant des photos envoyées par Gérard de Wasch,
Joël Collin, Philippe Despine, Bernard Aussedat, Michel Bon Photos
2ème série,
Album de Bernard Aussedat complet Le
point de rendez-vous était situé le vendredi 3 juin en début d’après-midi à
Annonay (Ardèche), ville industrielle passablement décrépite par les crises successives, mais joliment entourée des monts
du Vivarais. Ce week- end
d’Ascension attirait de nombreux touristes venus admirer la fête annuelle des
Montgolfières, mais les conditions météo ne permettaient des lâchers de
Montgolfières que tôt le matin. Sur
le parking de l’ancienne gare, seule surface suffisamment vaste pour
accueillir toutes nos voitures, se retrouvaient : Béatrice Lacroix, Dominique Aussedat, Odile Grandjean,
Pierre et Anne Sarda, Bernard et Marie-Françoise Plantevin, Michel et Catherine Bon, Marie-Ange Bon,
Jean-Louis et Bernadette Ausedat, Annik Minvielle, Françoise Eon Duval, Alain et Marie-France
Aussedat, Vincent et Béatrice Aussedat, Gérard et Marie-Josée
de Wasch, Xavier et Béatrice Aussedat, Patrick et
Véronique Aussedat, Bernard et Sophie Aussedat, Philippe et Geneviève
Aussedat, Joël et Geneviève Collin, Hervé Pignal, Philippe et Fanchon Euverte, Catherine Barbandière,
Henri Pignal, Michèle de Moncuit de Boiscuillé, Nicole Aussedat, René et Anne-Marie Crolard (branche Crolard). France Vivien nous
a rejoints le lendemain matin ainsi que Philippe Despine. De
nombreux autres cousins nous rejoindront à Annecy pour participer à tout ou
partie des deux dernières journées. La sortie de la messe du dimanche à Saint
Maurice avait un petit air d’Alériades, surtout axée sur les deux premières
générations (quoique des représentants locaux de la troisième et même
quatrième génération aient été présents, la plus jeune étant Philomène Plantevin, âgée de 6 semaines). Sans doute y étions nous
plus de 80 de la famille. Mais nous nous sommes retrouvés aussi très nombreux
à Montfleuri, Fésigny et
Aléry. 1ère
étape vendredi 3 juin : Vidalon (Davezieux) : C’est juste à côté d’Annonay , au fond du
vallon de Vidalon situé dans la paroisse de Davezieux, qu’est située la
papeterie Montgolfier, devenue Montgolfier Canson.
C’est dans cette papeterie que le jeune ménage de Jean Ossedat et Marie
Cailhot, ouvriers papetiers mariés en 1751 à Rochetaillée près de Saint
Etienne, vient se fixer vers 1753 avec leur fils aîné Marcellin. Ils étaient
originaires, l’un du village de Duret à Saint Martin des Olmes, l’autre du
village de Valeyre à Ambert. Deux paroisses auvergnates voisines l’une de
l’autre, pourvues de nombreux moulins à papier. Le frère aîné de Jean,
Damien, était resté compagnon papetier à Saint Martin des Olmes et avait fini
par être maître papetier du moulin du Grand Barrot dans l’étroite vallée de
Grandrif. C’est son
filigrane que nous avions découvert par hasard en 2009. Jean Ossedat et
Marie Cailhot ont 4 autres enfants à Annonay, mais Jean meurt jeune, à 35 ans
en 1760, l’année même où son beau-père Benoît
Cailhot, ancien compagnon papetier, s’établit à son compte comme maître
papetier au moulin de Saint-Marcellin-en-Forez
(Loire), assisté de deux autres de ses gendres. Les 3 fils de Jean
Ossedat et Marie Cailhot seront compagnons papetiers : l’aîné,
Marcellin, retourne se fixer à Chadernolles,
village de Marsac-en-Livradois, près d’Ambert, où
ses descendants seront maître papetiers. C’est l’ancêtre d’André Ossedat qui
a été l’un de nos guides en Auvergne. Le dernier, Jean, nous est peu connu.
Entre les deux, Augustin né en 1756, filleul d’Augustin-Maurice
Montgolfier, démarre sa carrière de papetier comme formaire puis va migrer
vers la Savoie où il y a un moulin à reprendre à Saint Alban Leysse, à
proximité de Chambéry. A
Vidalon, après avoir évoqué l’histoire
des Ossedat sur place de 1753 à 1785, nous avons visité le musée du
papier Montgolfier Canson, guidés par Mademoiselle
Marie Hélène Reynaud, créatrice et conservateur honoraire du musée, avec qui
nos oncles et tantes ont beaucoup échangé sur l’histoire de la famille dans
cette phase. Compte tenu de la taille de notre groupe, elle s’était fait
aider pour cette visite par Mr Jean-Jacques Dard, ancien de la Papeterie et
membre de l’Association d’histoire liée au musée. Ce musée remarquable est
principalement consacré à l’histoire de la fabrication du papier, avec pour
pièce maîtresse une machine à papier maintenue en
état de faire des animations, datant de 1900 environ (intermédiaire entre la
génération de la machine II et celle de la machine III de Cran Gevrier). Bien
entendu, ce musée contient également des salles consacrées à l’histoire des
Montgolfier et l’invention de la Montgolfière. Malheureusement,
la papeterie Montgolfier Canson de Davezieux a du
fermer récemment son activité. Elle s’était spécialisée dans les papiers à
dessin, les papiers spéciaux pour bureaux d’études et le papier calque,
spécialités qui ont disparu au profit de la conception assistée par
ordinateur.
Trajet
d’Annonay à Chambéry (2 heures environ), où nous dînons et sommes hébergés
pour deux nuits à l’hôtel Best Western qui accueille en même temps de
nombreuses équipes sportives participant au Critérium du Dauphiné Libéré. 2ème
étape samedi 4 juin matin Saint Alban Leysse Augustin
Ossedat fixe l’orthographe de son nom en Aussedat à partir de son arrivée en
Savoie en 1785. Ayant au départ pris le
moulin de Saint Alban Leysse en gérance pour le compte de Montgolfier, il
le lui rachète trois ans plus tard (1788) et devient donc maître papetier à
son compte. Il développe ce moulin malgré les difficultés (le moulin est
situé sous une falaise très friable, dite du « bout du monde »
qui provoque souvent des catastrophes). Il introduit la technique de
« piles hollandaises » (dont nous avons vu un cylindre déchiqueteur
au musée de Davezieux) pour la préparation de la pâte en remplacement des
cuves à maillets ferrés. Ayant 3 fils, il laisse ce moulin à l’aîné, Augustin
II, achète un moulin à Faverges pour son fils Jean (dit Missou),
et transforme en papeterie un moulin qu’il rachète à Cran Gevrier pour son
fils Alexis. Le moulin de Faverges fait de mauvaises affaires et doit être
revendu dès les années 1820 à un propriétaire qui abandonne l’activité
papetière (les machines sont rapatriées à l’usine de Cran Gevrier). Le
moulin de Saint Alban Leysse fait aussi de mauvaises affaires et doit être
revendu en 1844. Seul le moulin de Cran Gevrier, sous l’impulsion d’Alexis,
puis de son fils Jean-Marie I et de son petit fils Jean-Marie II, va se
développer vigoureusement, se transformant progressivement en une usine
moderne dirigée par 7 générations successives de la famille. A
Saint Alban Leysse après 1844, c’est le nouveau propriétaire, Mr Forest, qui transforme le moulin en une usine
progressivement modernisée, dont nous avons visité les restes (vestiges
AUSSEDAT) partiellement en ruines. Cette papeterie a fonctionné jusqu’en
1942. Elle devait redémarrer après la guerre, mais Mr Aragon, son directeur
de l’époque est mort électrocuté accidentellement dans le transformateur de
l’usine en 1945, et elle est restée définitivement fermée. Dans les années
1960, les bâtiments endommagés par le temps et débarrassés de leurs machines
ont été rachetées par le fils d’un ancien employé de l’usine Mr Fernand Dyen, qui y
installer un atelier de ferronnerie d’art. Détruits partiellement par un incendie
quelques années plus tard, les bâtiments sont de nouveau vendus. Puis s’y
installe un élevage de truites florissant que son propriétaire, Mr Léon Azzolin, un ancien
baroudeur aux quatre coins de l’Afrique qui a aujourd’hui un faux air de José
Bové, nous a fait visiter avec passion (une de ses
principales spécialités : les truites à relâcher en rivière pour les
sociétés de pêche). Cet élevage bénéficie de la grande pureté des
eaux de la Noria issues des sources et cascades toutes proches. Certains
d’entre nous ont pris le temps de remonter de quelques centaines de mètre la
Doria jusqu’à cet ensemble des cascades au fond d’un cirque sombre.
A
Saint Alban Leysse, nous avons évoqué cette
phase de l’histoire familiale en visitant les ruines de la papeterie,
encore imposantes. Nous avons également vu ce qui reste de la
maison ou Augustine Basin a passé son enfance, au dessus de la
boulangerie familiale qui a fermé il y a cinq ans. C’est de cette maison,
située tout près du pont sur la Leysse et non loin du départ du chemin qui
conduisait à la papeterie, qu’Antoine Basin puis son fils Augustin écrivaient
régulièrement à leur fille et sœur Augustine Aussedat dans les années
1851-1890 pour lui raconter la vie familiale et l’informer des nouvelles de
Saint Alban Leysse et de la papeterie. Ces lettres sont reproduites dans le 1er
tome du livre de tante Rose-Anne portraits de famille . Voir aussi le
document sur l’histoire
de la Papeterie de Leysse Nos
guides pour ces étapes étaient notre cousine Simone Saltapès,
née Basin, descendante d’Augustin Basin, frère aîné d’Augustine Aussedat, et
Mr Elie Jacquier, un enfant du pays, qui a profité de ses sensibles origines
pour écrire une histoire Saint-Alban Leysse, et
particulièrement de Leysse sous le titre « Leysse passé, mon bout du
monde ». Mr Michel Dyen, fils de
l’ancien ferronnier d’art, actuellement maire de Saint-Alban-Leysse est
également venu gentiment nous accueillir. Lors
du 1er voyage de cousins en 2009, notre cousin André Ossedat nous
avait guidé vers nos ancêtres communs. Lors de ce 2nd voyage,
c’est notre cousine Simone Saltapès qui a tenu ce rôle, nous a gentiment
organisé les contacts locaux et reçus chez elle. 3ème
étape samedi 4 juin : Aix les Bains et Brison
Saint Innocent Après
un déjeuner au grand port d’Aix les Bains, sur le lac du Bourget, nous avons
quitté l’univers Aussedat pour nous plonger dans l’univers
Despine, famille paternelle de notre arrière-grand’mère
Marie Despine, épouse de Jean-Marie II Aussedat. L’arrière grand-père de
Marie, Joseph le Cadet Despine (1737-1830), était médecin, issu d’une longue
lignée de notaires du Châtelard en Bauges. Médecin de la famille royale de
Piémont, il est le promoteur et le maître d’œuvre de l’introduction de la
vaccination en Piémont-Sardaigne. Savant touche-à-tout et renommé, il est
aussi très entreprenant, et il est à l’origine du projet de relancer à Aix
les Bains une activité thermale qui avait existé dans l’antiquité. Il devient
ainsi le créateur et le Directeur des Thermes, introduisant en Savoie toutes
sortes de techniques de thermalisme. Son œuvre sera poursuivie et développée
par son fils le baron Antoine Despine, puis son petit fils, le baron Constant
Despine. Le titre de baron venait du frère aîné de Joseph le cadet Despine,
Jean-Baptiste Despine, diplomate Piémontais brillant, qui, sans descendance,
adopta quelques jours avant sa mort le fils aîné de son frère pour lui
transmettre son titre et ses biens. Ce titre reste dans cette branche aînée
jusqu’au petit-fils de Constant qui, officier, est tué sur le front de Verdun
en 1917. Le titre passe alors quelques années au frère aîné de Marie Despine
Aussedat, Antoine Despine, médecin à Annecy-le-Vieux, qui meurt célibataire
en 1920. Le titre de baron passe donc à la branche cadette, son cousin Paul
Despine, père de Lise que nous avons bien connue, ainsi que ses frères et
sœurs. C’est aujourd’hui Philippe Despine, professeur de philosophie à Dijon,
qui le porte. Son grand-père était le frère aîné de Lise. Philippe
Despine a effectué de nombreuses recherches sur l’histoire Despine dont il
nous a présenté un passionnant résumé, étayé de photos, au côté de Mme
Béatrice Bruhen Charnaux,
historienne et guide conférencière spécialiste de l’histoire du thermalisme à
Aix les Bains. Malheureusement, le bâtiment des Thermes, construit au 18°
siècle et modernisé à plusieurs reprises depuis, est en bien mauvais état et
est fermé au public. Mais nous avons pu en voir le beau hall de style
art nouveau. Puis nous nous sommes rendus à Brison-Saint
Innocent, à quelques kilomètres d’Aix les Bains sur la rive orientale du lac
du Bourget, où nous avons visité la mairie qui n’est autre que l’ancienne
maison des médecins Despine, dont la très belle bibliothèque a été
conservée telle quelle. Philippe Despine nous y a présenté le rôle des
médecins Despine, tout particulièrement Antoine, dans la naissance de
ce qui allait devenir la psychiatrie. 4ème
étape dimanche 5 juin : Annecy : Laeuffer et Dunant Le
dimanche, après la messe à Saint Maurice, qui fut longtemps la paroisse des
Louis Aussedat, à proximité des Marquisats, nous nous sommes retrouvés à déjeuner
chez les Jean Laeuffer à Montfleuri
(Annecy-le-Vieux). Jean nous y a présenté l’histoire de nos racines Laeuffer,
depuis l’Alsace germanophone et protestante où l’un d’entre eux, Anton
Laeuffer, avait épousé en 1613 la fille du maître monnayeur Hans ou
Johann Kellermann (dont il nous a avoué qu’il avait fait un peu de prison
pour avoir exceptionnellement fabriqué de la monnaie de mauvais aloi !),
jusqu’à Annecy où les Laeuffer étaient à la tête de la plus grosse entreprise
textile de Piémont Sardaigne, entreprise dont ils étaient actionnaires
minoritaires. Ces explications ont été accompagnées d’une visite de la maison
qui a conservé de nombreux souvenirs familiaux. Rappel :
la grand-mère maternelle de Marie-Louise Balleydier Aussedat, était née Mathilde
Laeuffer, épouse de Félix Charrut, négociant en métaux à Grenoble. Par
sa mère, elle était petite fille de l’architecte et peintre Prosper Dunant
qui a été le thème de notre visite suivante. Nous
nous sommes rendus en effet ensuite au château de Fésigny, sur les hauteurs de Veyrier du Lac, belle
propriété rachetée par Oncle Jean Balleydier lorsqu’il avait été exproprié
par la Ville d’Annecy de la très belle maison d’origine Dunant qui était
située avenue de Trésum, derrière le jardin des
Marquisats. Fésigny est aujourd’hui propriété
d’Huguette du Besset, fille aînée de Jean
Balleydier. La visite de cette maison et des souvenirs familiaux qu’elle
contient a été pour nous l’occasion d’une meilleure connaissance de Prosper
Dunant (1790-1878), son environnement familial et son œuvre d’architecte et
surtout de peintre amateur éclairé. Notre guide pour cette partie a été Alain
Bexon, neveu d’Huguette, éditeur d’art, spécialiste incontesté des peintres
paysagers savoyards en général et de Prosper Dunant en particulier. Il a
articulé son intervention sur une revue des peintres qui ont pratiqué autour
du lac d’Annecy, du Moyen âge à nos jours, avec une particulière prédilection
pour l’époque des paysagers romantiques. Outre
cet exposé et la visite des nombreux tableaux de cette charmante maison, nous
avons eu le plaisir avant le dîner d’un beau soleil couchant dans le jardin
qui domine le lac …et beaucoup d’entre nous avons été visiter les
pittoresques toilettes à l’ancienne habillées de bois. Pour
les deux dernières nuits, une grande partie d’entre nous étaient hébergés
chez les cousins du tour du lac, ou dans un Centre de retraites religieuses
magnifiquement situé face au lac à Annecy-le Vieux. 5ème
étape lundi 6 juin : Cran Gevrier et Louis Aussedat Notre
journée du lundi 6 juin a été consacrée pour l’essentiel à notre grand’père Louis Aussedat. Le matin, nous nous sommes
rendus au château de Montrottier, à proximité des
gorges du Fier. Ce vieux château Savoyard a été légué par son dernier
propriétaire privé à l’Académie Florimontane pour en faire un musée abritant
ses collections très éclectiques et de grande qualité. Il se trouve que Louis
Aussedat fut quelques années président de l’Académie Florimontane jusqu’à sa
mort subite en 1935, précisément à l’époque où il fallait développer
l’activité autour du château de Montrottier. L’Académie Florimontane avait été créée sous Henri IV par
Saint François de Sales et le Président Antoine Favre (père du grammairien
Favre de Vaugelas) sur le modèle des académies italiennes, et bien avant
l’Académie Française. Tombée en désuétude au bout de quelques années, elle
est réactivée à la fin du 19° siècle par un groupe d’érudits savoyards dont
Alphonse Despine, beau-père de Jean-Marie II Aussedat, et Camille Dunant, fils
de Prosper Dunant, qui jouera un rôle important dans le développement de
cette société savante dont il sera président pendant 40 ans. Camille Dunant,
attaché de Préfecture, fut en parallèle un dynamique développeur des
infrastructures de tourisme pédestre dans la région d’Annecy. Notre
guide pour cette visite a été M. Julien Coppier,
historien, archiviste et conservateur adjoint aux Archives Départementales de
Haute Savoie, membre de l’Académie Florimontane. Outre les collections et
l’histoire de l’académie Florimontane, il nous a détaillé l’architecture très
spectaculaire de cette place forte qui inclut un curieux escalier à centre
spiralé évidé, et un formidable donjon construit par plaisir à la Renaissance
sur le modèle médiéval, sans réelle fonction de défense. Nous
avons eu la surprise de trouver dans une vitrine de la salle à manger d’été
du château une assiette venant du service de Pringy, don de Marie Despine
Aussedat (mère de Louis et ses frères et sœurs) en souvenir de son frère le
baron Antoine Despine qui venait de mourir subitement en 1920, et qui était
membre de l’académie Florimontane comme son père. En
sortant du château, nous avons déjeuné sous la tonnelle à l’entrée des gorges
du Fier, toutes proches, pour y évoquer le magnifique chantier
d’aménagement touristique de ces gorges en 1869, que nous n’avions
malheureusement pas le temps de parcourir à nouveau (c’était un but de
promenade classique de nos vacances à Aléry). Déjeuner joyeusement animé par
les passages de trains sur la voie ferrée Paris-Annecy
toute proche, chaque passage provoquant les applaudissements enthousiastes de
l’assistance. Notre
début d’après midi a été consacrée à ce qui a été l’œuvre professionnelle et
l’outil principal de travail de notre grand-père Louis Aussedat :
la Société des Forces du Fier, principal producteur d’électricité de
Haute Savoie de 1902 à sa nationalisation et son intégration dans EDF en
1946. Louis Aussedat, en sortant de l’Ecole Centrale en 1901, n’a pas de
poste possible à la direction de la Papeterie familiale où vient déjà
d’entrer son frère Joseph. Mais c’est surtout par goût qu’il s’oriente vers
l’activité alors toute nouvelle de production et distribution d’électricité,
d’abord au sein de deux petites entreprises déjà existantes, puis très vite
comme ingénieur directeur de projets à la Société des Forces du Fier qui venait
d’être créée par un groupe d’investisseurs de la région, avec un premier
objectif qui devait être d’alimenter en électricité la ligne de tramway Annecy-Thônes que ces mêmes investisseurs étaient en
train de construire. Parmi ces investisseurs : Jean-Marie II Aussedat et
sa mère Augustine Basin Aussedat. Lorsque Louis arrive, le projet d’usine
hydroélectrique sur le Fier est déjà lancé pour le gros œuvre : canal de
dérivation du Fier et usine de Brassilly juste en
aval de Cran Gevrier (la maîtrise d’oeuvre BTP est conduite par l’entreprise
Falletti, de Cran Gevrier, des cousins des Aussedat). Louis dirige les
travaux de production électrique proprement dits, puis il se consacrera à la
conception et la maîtrise d’ouvrage du réseau de distribution qui couvre progressivement
toute la Haute Savoie, avec introduction progressive des lignes à haute
tension (en revanche le tramway Annecy-Thônes avait
démarré avec une traction à vapeur au charbon, et continuera sur cette
formule jusqu’à sa fin en 1930). En 1906, peu avant ses fiançailles et alors
qu’il n’a pas trente ans, Louis est nommé Administrateur Directeur
Général de l’entreprise (on dirait aujourd’hui PDG), alors que l’usine de Brassilly livre ses premiers kilowatts-heure
dans la région d’Annecy. En attendant, de 1902 à 1906, la Société des Forces
du Fier achetait sa puissance électrique à la Papeterie Aussedat qui avait
installé l’une des toutes premières dynamos en France, branchée sur des
turbines installées dans le Thiou. En 30 ans, Louis Aussedat va faire
de cette entreprise un producteur et distributeur majeur d’électricité et de
gaz, grâce aux investissements permis par l’afflux de nombreux petits
actionnaires de la région. Une seconde usine hydroélectrique alimentée par
une conduite forcée à Chavaroche, un peu en aval,
sera ouverte après la guerre 14-18 pour faire face aux demandes en forte
croissance de la clientèle particulière et industrielle. Un lac de retenue
sera même créé pour alimenter cette chute dans le fond du parc de Montrottier. Bien que fortement absorbé par son rôle de
dirigeant, Louis restera par goût toute sa vie un ingénieur : en
témoignent les cahiers remplis de schémas et calculs (transformateurs, lignes
à haute tension, etc…) que nous avons retrouvés
dans ses archives personnelles. Et comme nous l’avons vu, il est en parallèle
Président du Conseil d’Administration de la Papeterie Aussedat, Président de
l’Académie Florimontane, administrateur de plusieurs entreprises, Président
de diverses bonnes œuvres, …et père de famille nombreuse. Fiche
biographique et portrait
par sa fille Margot Quel
meilleur endroit pour évoquer cette aventure que cette usine hydro-électrique
de Brassilly, toute proche de Montrottier
et des gorges du Fier, qui a bien entendu été totalement modernisée à
plusieurs reprises depuis 1935, mais dont le gros œuvre est pour l’essentiel
celui qui a été développé sous la Présidence de Louis Aussedat ? Ce sont
des responsables locaux d’EDF qui nous ont présenté avec talent l’usine
actuelle et son histoire depuis la nationalisation, tout heureux de nous
montrer que le pignon de l’usine porte toujours la marque des Forces du Fier.
L’usine actuelle n’occupe plus qu’un quart environ de la surface de l’usine
primitive, d’une part parce que les matériels modernes sont beaucoup plus
compacts que ceux d’il y a un siècle, et d’autre part parce que cette usine
est maintenant surtout consacrée à fournir du supplément de puissance aux
heures de pointe, le gros de la production nationale en régime habituel étant
assuré par les centrales nucléaires. 27ème
BCA : Puis
nous nous sommes rendus au 27ème bataillon de chasseurs alpins,
dont la caserne est sur la colline de Gevrier, toute proche d’Aléry. Visite
organisée par notre cousin, le général Bernard Aussedat, ancien chef de
compagnie au 27ème BCA. Occasion
d’évoquer les figures de quelques chasseurs alpins célèbres plus ou moins
liés à l’histoire familiale, et en particulier Tom Morel,
dont la femme, tante Marie-Germaine, est morte il y
a quelques mois, mais également le général Jean Vallette
d’Osia, chef des maquis de l’Ain puis de la Savoie,
et son fils Jacques, officier de chasseurs Alpins tué par la foudre en
manœuvres, mari de notre cousine Alyette
Balleydier. Nos
guides étaient Bernard lui-même, qui
nous présentait la partie historique, partiellement dans la salle d’honneur
du bataillon, et son filleul, le capitaine Jean-Gaël Le Flem, commandant la 2ème
compagnie, qui nous a relaté ses expériences de détachement opérationnel en
Afghanistan. Aléry La
journée s’est terminée à Aléry, par un formidable cocktail familial avec les
cousins de la région, au cours duquel l’histoire familiale a été encore
présente à travers un exposé de Mr Jean Boutry,
maire de Cran Gevrier, sur l’évolution en cours du site de la Papeterie (que
beaucoup d’entre nous avions visitée lors des Alériades 2000 et qui a fermé
en 2006). Le projet prend forme, avec l’aménagement en promenade des bords du
Thiou, un quartier d’habitation écoresponsable,
débarrassé des voitures, et la conservation des grands bâtiments des années
1950 (salles des machines IV et V) qui seront réaménagés pour accueillir des
bureaux, avec l’espoir de créer un pôle de référence d’entreprises de films
d’animation qui serait baptisé « la Papeterie », incluant un espace
dédié à la mémoire du lieu. Philippe
nous a aussi fait le point sur les travaux d’aménagement d’Aléry qui se
prépare à accueillir au 2ème étage les bureaux d’une entreprise
d’informatique, tandis que le rez de chaussée
réaménagé (en particulier avec suppression de la cloison qui séparait la
salle à manger des enfants et le cellier) devrait accueillir soirées,
séminaires, mariages, etc., et que le 1er étage restera à
vocation d’accueil familial. Deux aménagements techniques intéressants déjà
opérationnels : l’installation de chauffage avec la chaufferie alimentée
automatiquement en copeaux de bois, et les antennes relais de téléphonie
mobiles bien intégrées à l’architecture. Et
le lendemain mardi 7 juin, Philippe et Geneviève ouvraient de nouveau Aléry
pour offrir gentiment un brunch à tous ceux qui reprenaient la route du
retour. Au
passage, remercions les cousins Crolard (René et Anne-Marie, et Chantal
Ballas) qui ont déposé aux archives familiales d’une part des photos
portraits provenant de la salle du Conseil de la Papeterie (et qui ornent
maintenant le salon d’Aléry), et d’autre part des lettres d’Augustine Basin à
sa fille Marguerite Crolard vers 1887, qui vont faire l’objet d’un
dépouillement et d’une publication sur le site historique familial, en
complément de toutes celles déjà publiées par tante Rose-Anne dans ses
« Portraits de famille ». Alain
Aussedat, juin 2011 |